L’attention des formations des magistrats s’oriente de plus en plus sur la position des victimes dans un procès. Pour mieux comprendre la manière dont les autres pays membres s’occupent des victimes, l’Institut de Formation Judiciaire (IFJ) a organisé pour la toute première fois un séminaire, portant sur “Secondary Traumatic Stress within the Judiciary and Judicial Staff: What measures to be taken?”. Le séminaire a offert une nouvelle mise en lumière de ce thème sensible : quand est-ce que le magistrat devient la victime d’un procès ?
Le cas en question : vous êtes la victime d’un crime. Votre cas est présenté devant le tribunal, là, à nouveau, la scène est réexpliquée: vous êtes confrontés à des questions sensibles, votre dossier traine, vous ne comprenez pas la langue administrative ou vous recevez une lettre normalisée. Il y a plusieurs exemples de cas dans lesquels les victimes doivent parcourir toute la procédure de traitement. Une autre approche, qui porte plus d’attention aux sensibilités de la victime, peut offrir une solution.
Afin de sensibiliser les magistrats à ce problème et afin d’éviter que les victimes d’un crime soient traumatisées une deuxième fois devant le tribunal, l’IFJ a organisé en collaboration avec d’autres partenaires européens du 24 au 26 septembre un séminaire international à Durbuy. Au total, 77 participants de 17 pays différents ont participé.

Aborder ouvertement les expériences traumatisantes
L’attention croissante de la place de la victime dans le procès est une tendance positive. Que peut-on faire si le magistrat devient la victime ? Quelles mesures peut-on prendre dans ce cas précis?
« Ce sont des questions qui sont restées dans l’ombre depuis longtemps et qui ont été abordées en détail lors du séminaire. En tant que magistrat ce n’est pas toujours facile de trouver un écho pour ses expériences traumatiques. » explique Jos De Vos, directeur-adjoint f.f. à l’IFJ. « Le séminaire et les divers ateliers ont confirmé que les magistrats reconnaissaient qu'ils avaient vécu eux-mêmes des expériences traumatisantes dans l'exercice de leur fonction. Les témoignages d’un procureur belge, hollandais et espagnol ont encouragé la reconnaissance et la mise en lumière de ce problème.
Le fait d’aborder ouvertement certaines expériences lors des ateliers a répondu à un véritable besoin parmi les magistrats, un des participants a confirmé que : « Grâce à ce séminaire, j’ai appris beaucoup sur moi-même, mes collègues, mon travail mais également la position particulière de la victime dans les poursuites pénales. ». Un avis fort partagé dans les groupes de travail et les conversations.
Peu de pays disposent d’un service psychologique pour les membres de la justice
Le rôle de la presse en tant que quatrième pouvoir et le citoyen émancipé font en sorte que les magistrats ont besoin de soutien. Pour certains d’entre eux, l’écoute d’un collègue est utile et même nécessaire mais il existe une demande pour un support professionnel. Les conversations démontrent que de nombreux magistrats souffrent de traumatismes professionnels non-résolus et souvent ils ont des difficultés à résoudre les tensions.
Les conversations démontrent qu’il y a encore un manque de support sur ce point. Peu de pays disposent d’un service psychologique pour les membres de la justice. Il n’y a que les Pays Bas qui donnent du soutien dans cette matière.
Le support psychologique pour magistrats en Belgique
En Belgique, deux psychologues du service d'encadrement P&O sont à la disposition pour apporter le soutien nécessaire. Mais les réactions des participants démontrent que peu de ces magistrats sont au courant de ce service. Il faut donc sensibiliser davantage, en Belgique comme dans les autres pays de l’Union européenne. Ce séminaire constitue une première étape.
Les formations conseillées et organisées par l’IFJ
- Slachtofferbeleid in België - naar een geïntegreerde aanpak
- La place de la victime dans le système pénal
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