Dans les années à venir, la performance jouera un rôle central au sein de la Justice. Avec l’autonomie imminente de la magistrature, les collèges et tribunaux seront responsables de leur propre gestion et de leur budget. C’est pourquoi l’Institut de Formation Judiciaire a invité Monsieur Koen Vandenbempt lors de son Management lunch biannuel. En tant que professeur en stratégie à l’Université d’Anvers et à l’Antwerp Management School, il a commenté l’importance de la gestion de la performance et les pièges que l’on peut trouver sur son chemin.
Pour la toute première fois lors du Management lunch, les chefs de corps ont pu accueillir, en la personne de monsieur Koen Vandenbempt, un orateur du monde académique. En tant qu’orateur de talent, il a introduit le thème de « la gestion de la performance et le red queen effect ». Ce thème, fortement lié aux réformes en cours au sein de la Justice et à l’autonomie imminente de la magistrature, est un des piliers de la « gestion ». Comme renseigné par le site internet du SPF Justice, le pouvoir judiciaire deviendra lui-même responsable de la gestion de son budget et de son personnel, sur la base d’un engagement sur résultats.
Dans les années à venir, les résultats et la performance resteront des points d’attention, ce qui signifie qu’une bonne compréhension et connaissance de ce que signifie la performance sont très importantes. Ceci est une des analyses de M. Vandenbempt. En tant que professeur en « Stratégie » à l’Université d’Anvers et l’Antwerp Management School, il est expert en « Corporate Performance Management ».
Il faut plus de « folie » et de savoir-faire
“Le monde autour de nous est volatil, incertain, complexe et ambigu”, ce sont les mots par lesquels M. Vandenbempt a débuté son discours. Ceci ne compte pas seulement pour les sociétés, mais également pour d’autres organisations comme la Justice. Chaque organisation veut gérer et suivre ses prestations afin de savoir si les choses tournent bien. Acheter un « outil » pour gérer la performance est une chose, mais le mettre en œuvre en est une autre. C’est dans ce domaine que beaucoup de limitations ou de tensions se produisent car des organisations qui suivent leurs prestations sont souvent trop occupées à diriger, contrôler et budgétiser. A court terme, tous les indices augmentent, mais à long terme les organisations sont confrontées à des difficultés parce que les changements ne se sont pas planifiés.
Monsieur Vandenbempt explique que les entreprises qui décident d’instaurer la gestion de la performance sont confrontées à trois tensions. Tout d’abord, le système de performance commence à mener sa propre vie car on ne se pose plus de questions. Ensuite, des problèmes apparaissent au niveau du suivi, parce qu’on ne mesure que ce qui est facile à mesurer, mais pas nécessairement ce qui devrait être mesuré. Et finalement, il y a encore une limitation à long terme car malgré que le contexte dans lequel l’organisation se trouve, évolue, le système de performance ne le suit pas.
Ceci est partiellement dû à une autosatisfaction car on suppose souvent que, dans sa propre organisation, les choses se déroulent différemment ou que les systèmes fonctionnent suffisamment bien. C’est précisément le contraire : dans la plupart des cas, les organisations sont déficientes. En créant des systèmes de performance à court terme, on crée plus de problèmes, qui doivent être adaptés et résolus par la suite. C’est la raison pour laquelle M. Vandenbempt plaide pour plus de « folie » et de savoir-faire : selon lui, les organisations ne doivent pas tout contrôler, mais donner de l’espace pour répondre aux changements sans que tout soit planifié de manière obsessionnelle.
L’effet “Reine de coeur” (Red queen)
Sur base de l’image de la “Reine de coeur” (Red queen), une métaphore provenant de l’histoire d’« Alice au pays des merveilles », M. Vandenbempt a expliqué pourquoi certaines organisations ont des résultats nettement meilleurs que d’autres. Les organisations doivent faire attention à l’effet « Reine rouge ». A son avis, il n’y a pas de problème au niveau de la gestion de la performance. Cependant, les organisations, qui se concentrent trop sur les systèmes de performance ou qui appliquent des indicateurs-clés de performance aveuglément, risquent de perdre leur manœuvrabilité et d’être empêchés d’agir à temps et avec souplesse, suite à des conditions complexes et changeantes.
Néanmoins, afin de tenir compte du long terme, il a fait part, aux chefs de corps, de cinq éléments cruciaux de sorte qu’ils puissent introduire leurs systèmes de performance de manière correcte au sein de leurs organisations. Des organisations qui tiennent compte de ces éléments et qui osent se remettre en question, sont prêtes à affronter l’avenir et continuent à apprendre.
Le Management lunch, une source d’inspiration
Fidèle à sa volonté de mettre en contact les chefs de corps et des managers qui sont confrontés aux mêmes situations, l’Institut de Formation Judiciaire organise, tous les six mois, le «Management lunch ». Une personnalité marquante du monde financier, économique ou politique y présente un thème en rapport avec le management actuel. L’exposé est suivi d’une séance de questions-réponses (Q&A) et d’un lunch. Le lunch est pris de manière conviviale, de façon à faciliter les échanges d’expériences entre professionnels du monde de la magistrature. Les exposés se déroulent alternativement en néerlandais et en français, une édition sur deux.
Koen Vandenbempt
Koen Vandenbempt est Professeur en stratégie à l’Université d’Anvers et à l’Antwerp Management School. Il y préside également le département « management » et y est actif en tant que doyen associé «Internationalization» à la faculté des sciences économiques appliquées. Il est admiré à la fois pour son expérience managériale en Belgique, mais également au niveau international. En tant que professeur associé, il est actif à l‘« Institute of Business Studies » (Moscou), à la « James Madison University » (Etats-Unis) et à la « Goa Institute of Management » (Inde). Ses analyses et consultations se concentrent surtout sur des thématiques managériales comme la stratégie, le changement stratégique et l’innovation. Outre ses activités universitaires, il est l’administrateur indépendant du « Antwerp World Diamond Centre ».